Les systèmes 2.0 et l’humour

Comment les systèmes 2.0 redéfinissent-ils l’humour ? Profondément ancré dans les moeurs sociales, l’humour apparait comme une nécessité de la culture occidentale de l’Homme moderne. Il constitue l’une des formes essentielles de l’expression des rapports humains qui se voient aujourd’hui reconfigurés avec l’arrivée des systèmes 2.0 dans nos vies.

twitter - hollande - l'humour noir

Les pratiques et les comportements évoluent pour s’adapter à cette nouvelle ère numérique, où le consommateur est placé au coeur des exigences. L’Homme actuel, très communicant mais bien moins « rencontrant », éprouve le besoin d’adhérer à des communautés qui partagent les mêmes centres d’intérêts et les mêmes opinions pour pallier l’individualisme de son environnement.

Ainsi, de par ses diverses fonctions (sociale, critique et bien-être), l’humour est une notion prépondérante dans la société qui perdure grâce à une transition réussie sur Internet. Les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.) et les applications mobiles (Vines, Snapchat, etc.) cultivent alors l’humour instantané, sans pérennité et sous diverses formes qui leurs sont propres. Les commentaires, les images et les formats vidéo très courts sont donc au service de la distraction immédiate, assurant le partage de l’humour numérique.

Du réel au virtuel

Avec l’évolution des TIC, et notamment du 2.0, la circulation de l’humour est parfaitement assurée, tant de la scène à la Toile, que sur Internet en lui-même. En effet, si certains humoristes confient leur identité numérique à leur internautes-fans, d’autres la maîtrisent aisément. Les YouTubeurs sont alors de plus en plus en vogue, témoignant de la volonté de l’Homme actuel de s’exprimer, avec transparence et humour, au sein de groupes communautaires. Les plateformes vidéo, aussi employées par les marques pour véhiculer de la publicité, accueillent alors l’humour, via des formats courts, destinés tant à divertir qu’à dire.

Internet est alors un lieu où l’humour devient l’outil principal pour s’exprimer dans cette société revendicatrice mais prudente. Sa structure et son accès mondial offre aux internautes la possibilité d’exposer leurs opinions et leurs pensées, facilement et sans tabou. Chose que les autres médias ne peuvent pas se permettre aussi facilement. Ceci pose alors la question des limites de cette interconnectivité, au service de la liberté d’expression, puisque des dérives non maîtrisées sur Internet grandissent avec l’évolution de la société. Si des moyens se mettent progressivement en place pour maîtriser le contenu qui circule sur la Toile, seules les mutations à venir permettront de pousser la réflexion sur la liberté d’expression via l’humour.

Une concurrence de taille

Les systèmes 2.0, en vogue aujourd’hui, viennent ainsi modifier les rapports des individus face à l’humour, relayant d’autres médias, comme la télévision, au second plan. Si celle-ci tente de développer son audience, en utilisant les humoristes de la scène dans des émissions (« Vendredi tout est permis » sur TF1), des publicités (« LCL » avec Gad Elmaleh), des séries (« Scènes de ménage » sur M6) ou encore en diffusant leurs films, les résultats ne sont pas toujours satisfaisants.

La télévision se sert alors des YouTubeurs, dont la percée humoristique est en pleine croissance. Cependant, à l’heure de la « consom’action », ses tentatives d’utilisation du format d’Internet semblent vaines. La Toile possède un type d’humour qui parait difficile de transposer à d’autres supports.

Pourtant, c’est aujourd’hui au cinéma de s’essayer à cette pratique, notamment avec la sortie de la comédie ‘Connasse’, Princesse des coeurs, en Avril 2015. ‘Connasse’ est Initialement connu comme le programme court diffusé pendant Le Before du Grand Journal, sur Canal Plus où Camille COTTIN y joue une parisienne insolente et culottée en caméra cachée que l’on prend plaisir à détester. Ainsi, quelles stratégies le cinéma va-t-il mettre en place pour intégrer l’humour des systèmes 2.0 dans sa programmation et intéresser les individus, devenus des acteurs exigeants ?

 

Rédaction : Aurélie Boudenia – Edition et publication : Céline Bousseronde