Intelligence artificielle : alliée ou menace pour l’art et la communication ?

Le monde de la communication et de la création artistique est en pleine mutation, porté par l’émergence fulgurante de l’intelligence artificielle. Entre fascination et inquiétudes, cette technologie soulève de nombreuses questions, notamment dans les secteurs où la sensibilité humaine et la créativité sont au cœur du métier. À travers le regard d’étudiants, de professionnels et d’alternants, plongeons dans un univers où les machines viennent bousculer les pratiques établies.

Image générée par de l’IA, 2025

Des regards jeunes sur l’IA

Avant d’explorer en profondeur les usages professionnels de l’IA, un micro-trottoir réalisé auprès d’étudiants met en lumière des opinions partagées. Si certains perçoivent cette technologie comme une avancée spectaculaire, d’autres s’inquiètent de son impact sur l’emploi ou sur la qualité des œuvres. Mais tous s’accordent à dire que l’IA est un sujet brûlant, au cœur des discussions actuelles.

L’IA dans les agences de communication : une révolution prudente

Dans les agences de communication, l’IA ne fait plus seulement partie des conversations : elle s’intègre de plus en plus dans les pratiques quotidiennes. Elle est souvent utilisée pour automatiser des tâches techniques comme le détourage ou la transcription. Ces usages, déjà bien ancrés dans les logiciels professionnels, facilitent le travail sans remettre en cause la créativité humaine.

Toutefois, les choses se complexifient lorsqu’on entre dans le domaine de la création pure. L’IA générative, capable de produire des visuels, des vidéos ou des textes à partir de simples instructions, pose la question de l’authenticité et de la valeur ajoutée humaine. Les agences doivent alors trouver un équilibre entre innovation et cohérence artistique, tout en répondant aux attentes parfois fantasmées des clients. Ces derniers peuvent voir dans l’IA un raccourci magique, alors que les résultats demandent souvent de nombreux ajustements.

Malgré tout, l’IA peut représenter une réelle plus-value. Elle permet de proposer plus rapidement des ébauches ou des contenus, et renforce l’image d’une agence à la pointe de la modernité. Mais cette puissance ne doit pas faire oublier l’essentiel : c’est bien l’humain qui impulse l’idée, oriente la création et garantit la qualité finale.

Quand les grands groupes s’emparent de l’IA

L’intelligence artificielle s’invite également dans les grandes entreprises, comme le prouve l’expérience d’une alternante en communication chez EDF. Là aussi, l’IA est utilisée avec précaution, au service de la créativité et de la stratégie. À travers des outils sécurisés, elle peut contribuer à des projets internes originaux : par exemple, la génération d’une chanson sur les valeurs de l’entreprise, diffusée lors d’événements internes, a permis de capter l’attention de manière ludique.

Au-delà de l’aspect technique, ces usages montrent une volonté d’explorer de nouvelles formes d’expression, de captiver autrement. Ce n’est plus une simple question d’efficacité : l’IA devient un levier d’expérimentation, voire de différenciation. Mais toujours avec la même vigilance : garder le contrôle, faire preuve de discernement, et ne jamais perdre de vue le message à transmettre.

Exemple d’outil IA dans adobe illustrator, 2025

Une mutation du regard dans le monde étudiant

Du côté des étudiants, le rapport à l’IA a beaucoup évolué. Alors qu’elle était autrefois perçue comme une menace, voire une triche, elle est désormais abordée avec plus de maturité. Les futurs communicants et créatifs comprennent que l’enjeu ne réside pas dans l’interdiction, mais dans l’apprentissage. Et la société semble suivre cette tendance : la formation à l’intelligence artificielle va bientôt devenir obligatoire dans le secondaire, preuve que la bascule vers une appropriation responsable est en cours.

L’IA au service des artistes : entre créativité et vigilance

Dans le monde artistique, l’IA devient un outil de plus en plus présent. Musiques, illustrations, vidéos… Les créations générées par IA se multiplient, et certaines galeries n’hésitent plus à les exposer. Toutefois, cela suscite un débat : est-on encore face à de l’art, ou simplement à de la production automatisée ?

Certains artistes s’emparent de ces outils avec intelligence, en intégrant l’IA dans leur processus créatif sans lui déléguer entièrement l’œuvre. On parle alors de co-création, où la machine devient un partenaire de l’imaginaire humain. Ce rapport symbiotique ouvre des perspectives inédites, tout en rappelant que c’est bien l’intention de l’artiste qui fait sens.

Mais cette évolution remet aussi en cause les modèles économiques. De nombreux professionnels, comme les illustrateurs ou les comédiens de doublage, s’inquiètent des conséquences sur leurs droits ou sur la reconnaissance de leur travail. Des voix s’élèvent pour réclamer un encadrement plus strict de ces usages, en particulier sur la propriété intellectuelle et la transparence des œuvres créées par IA.

L’IA, entre promesse et responsabilité

Ce qui ressort de tous ces témoignages, c’est une conviction partagée : l’IA est un outil, puissant, mais encore loin de remplacer l’intuition, l’émotion et le savoir-faire humain. Elle peut décupler les possibilités, mais elle exige aussi une vraie réflexion éthique, technique et artistique.

Le défi, désormais, consiste à l’intégrer de manière responsable, sans céder à l’attrait du tout-automatique, ni rejeter en bloc une technologie qui, bien utilisée, peut enrichir les métiers de la création et de la communication.

Dorian RODRIGUES et Maxime ROLLAND