Green or Black, de quelle couleur sera votre Vendredi ?

panneau de promo black friday

Le Black Friday c’est aujourd’hui, ou presque. En cette année si spéciale, certaines entreprises ont décidé de repousser cet évènement tant attendu par des milliers de consommateurs, mais les préoccupations autour de cette journée commerciale restent les mêmes ! En effet, à l’heure où les populations deviennent de plus en plus conscientes de leur impact environnemental et en pleine crise sanitaire, on remarque que certaines marques font le choix de ne pas participer à cet évènement en affichant clairement leur positionnement éthique. Dans tous les cas Black or Green, 2020 et Covid–19 obligent, le Black Friday de cette année sera pour tout le monde confiné et mais aussi repoussé. 

Alors le Black Friday, c’est quoi déjà ?

Le Black Friday, traduit “Vendredi Noir” en français ou parfois “Vendredi Fou”, se tient chaque année le dernier vendredi du mois de novembre. Durant cette journée, des promotions spéciales et uniques sont appliquées sur de nombreux produits en vente. En réalité, les promotions commencent bien souvent le lundi d’avant et s’arrête le lundi suivant, baptisé le Cyber Monday. A l’origine, le Black Friday nous vient tout droit des Etats – Unis. On y célèbre Thanksgiving – une journée de gratitude souvent célébrée entres proches – le dernier jeudi de novembre. Puis pour bien lancer la saison des fêtes le Black Friday vient le jour suivant. Cet évènement, souvent cité notamment pour la folie qu’il engendre dans les magasins, est apparu en France il y a 7 ans.  

Ce jeudi 19 novembre, les géants de la distribution que sont Amazon, Carrefour ou encore Leclerc ont accepté de repousser leur Black Friday 2020 au 4 décembre en France, pour laisser la chance aux petits commerçants de profiter de cette opportunité commerciale.  En effet, durant le Black Friday quasiment tout ce qui peut se vendre est soldé, mais c’est surtout les produits d’électroménagers, high tech, téléphonies, ou les vêtements qui sont le plus bradés. Grâce à la législation très souple sur les prix de référence, les commerçants se permettent souvent d’augmenter leur prix de référence pour proposer des produits qui paraissent toujours moins cher. Très tentant quand on est un étudiant avec un faible pouvoir d’achat ou que l’on souhaite tout simplement faire des économies. Il faut donc savoir se méfier de toutes ses campagnes de communication qui nous promettent monts et merveilles pendant le Black Friday, mais parfois savoir se laisser tenter et se faire plaisir si l’on a vraiment besoin du produit, où que le prix de celui-ci est réellement avantageux et si en faisant cela on soutient nos petits commerçants !  

Bien qu’il n’ait rien à voir avec notre culture, le Black Friday a su s’imposer comme un événement promotionnel incontournable en très peu de temps, notamment grâce au bombardement publicitaire présent dans les magasins ainsi qu’en ligne qui incite les consommateurs à ne pas manquer cette opportunité de taille, en consommant toujours plus. Face à cette surconsommation, des individus et des marques prennent aussi la décision d’afficher fièrement leur positionnement et leur éthique, en décidant de ne pas participer à cette journée.

Pourquoi certaines marques appellent au Boycott

Chaque année, des millions de personnes trouvent leur bonheur dans les affaires que propose le Black Friday. Néanmoins, de plus en plus de consommateurs (et de marques) alertent sur les problèmes éthiques et écologiques que cette journée engendre. “Arnaque”, “Pollution”, “Surconsommation”… le Black Friday anime les discussions. En 2019, plus de 200 marques ont d’ailleurs appelé à une “consommation raisonnée”, et donc au boycott de cet évènement.  

Contrairement aux États-Unis où les promotions proposées défient toute concurrence, en France, le Black Friday est vu comme un “énième événement commercial”. Les Français sont donc déçus par les promesses de grosses réductions, qui atteignent rarement 50 ou 70%, ou encore par les fausses remises proposées par les marques.  

Cette invitation à acheter ne fait pas l’unanimité : les consommateurs sont tiraillés et se rendent compte des messages contradictoires qui leur sont adressés. Faire attention à la planète ou faire des économies sur ce qui est trop cher en temps normal ? Pour certaines personnes à faibles revenus, le choix est compliqué.  

En plus de poser des questions d’ordre éthique, cette journée participe également au dérèglement climatique en encourageant la surproduction et la consommation de masse. Le principal argument des détracteurs du Black Friday est que cette journée pousse les consommateurs à acheter des produits dont ils n’ont pas besoin et ne se serviront jamais, leur faisant ainsi perdre conscience de la valeur des choses. Or, ce modèle de consommation “Extraire, produire, consommer, jeter” n’est pas viable.  

Que ce soit à cause du trafic de transactions bancaires (au nombre de 50 millions en 2018), de l’impact des livraisons ou encore du gaspillage textile, cette journée est d’ailleurs décrite comme étant le “jour le plus sombre pour la planète”. En bref, cette surconsommation a un impact désastreux sur l’environnement : augmentation de la pollution, appauvrissement des ressources naturelles…

Ces critiques du Black Friday ont fait émerger de nombreux mouvements de contestation et plusieurs centaines d’entreprises ont donc annoncé leur refus de participer à cet évènement.  

 

Des exemples concrets

Un mouvement symbole de contestation au Black Friday existe : la Journée Sans Achats, ou en anglais, le Buy Nothing Day (BND). C’est une manifestation non violente de boycott des achats qui a pour but de protester contre la société de consommation et ce qu’elle entraîne : gaspillage, dégradation de l’environnement, exploitation des populations ou encore perte des valeurs humaines, emprise de la publicité qui pousse à avoir plutôt que d’être. Cette journée mondiale sans achat a lieu le dernier vendredi de novembre en Amérique du Nord, et le dernier samedi de novembre en Europe. Chaque citoyen peut donc, à son échelle, décider de ne pas être d’accord avec le principe du Black Friday et de manifester contre.  

Nous avons également l’exemple de la contre-campagne lancée en 2019 par la marque de vêtements éthique et écologique We Dress Fair : le BLOCK Friday. L’entreprise avait fermé ses portes en protestation contre “l’opération-shopping” et a lancé une journée dédiée à la réparation des vêtements. Des ateliers ont été animés sur les réseaux sociaux de la marque afin d’apprendre à réparer ses vêtements ou encore à faire sa lessive écologique. 

Un autre mouvement contre la Black Friday est arrivé en France en 2018 : le Giving Tuesday. Le mardi suivant le Black Friday (mardi 1er décembre cette année), la population est appelée à participer aux campagnes de dons et de sensibilisations coordonnées par l’Association française des Fundraisers. Cette date correspond à la journée mondiale de la Générosité et de la Solidarité. 

Cette année, Monki, une marque de mode scandinave, a créé une rubrique sur son site intitulée “Black Fri-Nay” pour indiquer qu’elle ne participera pas au vendredi noir, car elle éprouverait le besoin d’une approche différente en ce qui concerne ce vendredi noir.

black fri-nay we will not participate black Friday

Plusieurs des marques qui ne veulent pas participer à cette journée symbole de surconsommation promeuvent à la place l’écologie et l’engagement pour la planète bleue. Kloffie, une marque au Pays-Bas, a suivi cette démarche en 2018 en reversant 20% des achats à l’association The Ocean Cleanup, créée en 2013 par Boyan Slat, qui a mis au point une technique révolutionnaire servant à enrayer l’invasion des fonds marins par les plastiques. 

En France, chez Nature et Découverte par exemple, 17 000 sachets de graines ont été distribués dans les magasins pour nourrir les oiseaux dès les premiers froids. La marque Bergamotte a elle reversé la totalité des bénéfices du Black Friday à l’association Un Toit pour les Abeilles pour la construction de ruches. Ces deux marques font partie du collectif “Make Friday Green Again qui cette année, réunis plus de 900 marques afin de proposer une alternative à cet évènement si controversé.

manifestant pour le green friday

 Green Friday, le mouvement contestataire

En effet, en 2019, plus de 700 entreprises françaises ont décidé de faire partie de ce mouvement au travers d’un collectif : “Make Friday Green Again” crée par Faguo. Ce collectif rassemble des marques qui ne participent pas à ce “vendredi noir” et à la place encouragent des modes de consommation plus éco-responsables et éthiques. Leur devise étant de consommer moins mais mieux selon nos besoins. Plusieurs marques s’y sont réunies parmi lesquelles on retrouve notamment Nature & Découvertes, Jimmy Fairly, Respire, Bergamotte, ou encore Picture.  

Le co-fondateur et directeur de la marque Faguo, Nicolas Rohr, avait indiqué sur Europe 1 que c’était « Pour une raison simple : c’est une journée qui incite à une surconsommation déraisonnable, avec un coût environnemental et social ». Il ajoute également au journal Le Parisien que « Pendant cette période, certaines enseignes soldent à des prix complètement délirants des collections actuelles. Du point de vue du consommateur, c’est peut-être l’occasion de faire de bonnes affaires. Mais cette journée rend précaires les emplois en ne rémunérant pas les fabricants, les marques et les magasins au juste prix. Elle participe aussi au dérèglement climatique en encourageant la surproduction ». 

Mais il existe également un mouvement contestataire citoyen : le Green Friday. Cette organisation, composée d’entreprises et d’associations, invite les consommateurs à boycotter le Black Friday. Ce dernier est transformé en Green Friday avec comme but d’avoir un comportement plus “vert” et éco-responsables, et consiste à “réparer ou donner plutôt que de jeter, allonger les durées de vie, acheter local, choisir des produits labellisés”. Les membres du collectif s’engagent à verser 10% de leur chiffre d’affaires réalisé durant cette journée à une association : HOP (Halte à l’obsolescence Programmée), Zero Waste France,  Surfrider Foundation France ou le collectif Ethique sur l’Etiquette. Avec le même objectif, le collectif a créé cette année le #GreenFridayChallenge. Cette campagne consiste à 30 jours de partage sur les réseaux sociaux sous forme d’action/vérité pour sensibiliser les citoyens de consommer de manière durable et raisonnée. 

Et après le Black Friday, vient le Cyber Monday. Et pour contrer ce dernier, un suédois, Henning Gillberg, a créé le Circular Monday qui cherche à favoriser l’économie circulaire, avec comme mots d’ordre “Réutiliser, recycler, louer” (“Reuse, recycle, rent”). Cette campagne étendue à plus de 7 pays cherche à promouvoir l’utilisation de produits de secondes mains et de plateformes comme Leboncoin ou Vinted en France plutôt que d’acheter des produits neufs. 

Ces journées si importantes pour les entreprises et leurs chiffres d’affaires, seront cette année différentes mais pas seulement à cause des différentes campagnes de boycott mais également à cause de la crise sanitaire et le confinement…

achat en ligne

Noir ou vert, mais surtout enfermé, un vendredi sous le signe du dématérialisé

Crise oblige et business impose, cette année le Black Friday se fera à distance. Les adeptes des achats en tout genre auront la possibilité de commander leurs marques préférées depuis leur canapé sans avoir à se ruer vers les bonnes affaires exposées en boutique. 

En effet, les chiffres de l’édition 2020 commencent à tomber et d’après une enquête réalisée par YouGov, 65% des Millenials comptent effectuer leurs achats sur Internet cette année. Dans le palmarès des sites privilégiés par les 18-34 ans, on retrouve sans surprise le leader de l’e-commerce, Amazon (68% d’intention d’achat), ou bien encore des sites d’e-commerce spécialisé comme Sephora (34% d’intention d’achat) ou encore la Fnac (31% d’intention d’achat). 

Et les petits commerces dans tout ça ? Touchés par la pandémie et ses nombreuses restrictions, ils font partie des plus impactés et ce, encore plus en cette période précédant les fêtes de fin d’année. Malgré leur volonté de rester ouverts, ils font face à une concurrence souvent déloyale qu’ils comptent bien stopper. 

Alors que plusieurs voix se levaient pour repousser voire annuler cette saison 2020 du Black Friday, les marques de la grande distribution se sont défendues par le biais d’arguments solides qui leur permettait de se dédouaner de leurs responsabilités comme “l’organisation sur plusieurs mois de cet évènement”. Le gouvernement, lui, avait rapidement tranché sur la question : il appelait les français à la « responsabilité individuelle ». Selon lui, il en revenait aux Français de faire leurs propres choix, que cela plaise aux petits commerces ou non. Un revirement inédit de la situation de la part du gouvernement aura donc été la solution choisie pour trouver un consensus entre grands et petits commerces : ce report du Black Friday au 4 décembre. Il n’empêche qu’en raison de la situation actuelle, la majorité des consommateurs se redirigeront sur un solution “dématérialisée” pour éviter les afflux dans les magasins.

 

Conclusion

Finalement, peu importe le parti que l’on choisit de prendre cette année, le Black Friday restera un évènement commercial majeur et un sujet controversé. Non seulement pour la surconsommation et les dérèglements climatiques qu’il engendre, mais également pour des débats d’équité entre petits commerçants et grandes enseignes.  Le Black Friday sera donc, cette année, repoussé au 4 décembre, mais tout laisse tout de même penser que malgré ce geste, les grandes enseignes profiteront toujours autant de cet évènement sans faire de cadeaux aux petits commerçants. Alors que ce soit le 27 novembre ou le 4 décembre, noir ou bien vert, c’est à vous de choisir la couleur de votre vendredi !  

Article rédigé par Léa Gayraud, Camille Lahaxe, Mathilde Laprugne, Jessica Quenot et Ophélie Swan.

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