Upcycling : tu ne l’utilises pas ? Réinvente-le !

Les étudiants du Curious Lab ont eu l’occasion de créer leur émission de radio pour l’année 2020/2021 : le Curious Live. Ayant pour but d’aborder des sujets autour de l’éthique et de la responsabilité sociétale des entreprises, Elise Jager et Eva Den Broeder, accompagnées pour cette première émission de Florine Sutorius, Manon Minard et Alex Brizard ont eu l’occasion de parler d’upcycling !

Retrouvez le podcast en suivant ce lien : https://rcf.fr/actualite/upcycling-tu-ne-l-utilises-pas et des informations détaillées sur l’upcycling en lisant cet article (temps de lecture estimé : 8 minutes)

L’up… L’up quoi ?

L’upcycling, ou surcyclage en français, consiste à transformer un objet plutôt que de le jeter, pour lui donner un nouvel usage. Cet éco-concept s’effectue à la fois chez des particuliers – puisque n’importe quelle personne créative peut transformer un meuble de son salon ou un vêtement de sa garde-robe – et chez des professionnels, notamment dans des entreprises dédiées ou qui le pratique. Cette technique permet à la fois de réduire notre empreinte écologique et faire des économies.

On distingue deux types d’upcycling :

  • Le surcyclage pré-consommateur : le produit non utilisé est encore à l’usine et vient par exemple de chutes de tissu
  • Le surcyclage post-consommateur : le produit non utilisé a déjà été vendu et est réutilisé, comme un pantalon, une boîte, un pot, etc.

Si le mot upcycling ou surcyclage ne vous dit rien, il ne serait pourtant pas étonnant que vous l’ayez déjà pratiqué. Retaper un vieux meuble, transformer une chemise en sac, récupérer des palettes de bois pour en faire un lit tendance, … c’est bel et bien faire de l’upcycling ! Finalement, n’aurions-nous pas tous au fond une âme d’upcycleur ?

Des plateformes en ligne, comme Leboncoin ou Vinted, ont démocratisé l’upcycling en ouvrant la possibilité aux gens, de créer-modifier et vendre facilement – et à d’autres d’acheter des objets qui ont déjà servi pour donner une seconde vie. En effet, les recettes de la plateforme lituanienne Vinted ne cessent de croitre d’année en année. La moitié de son chiffre d’affaires se fait d’ailleurs en France, comptabilisant 9 millions d’utilisateurs en juin 2019. Grâce à ces plateformes, un objet quelconque dont on ne se sert plus est transformable puis vendable. Il semblerait donc que les Français aient intégré la notion de « réutilisation » et de « seconde main » dans leur quotidien. 

Le marché du textile

En Europe, sur cinq millions de tonnes de textile mis sur le marché, près de quatre millions sont encore jetées, détruits pour la plupart dans des incinérateurs. Il semblerait que le formatage « consommer-jeter » soit encore bien ancré dans les mentalités, et ce d’autant plus dans le monde de la mode, industrie la plus polluante au monde. Face à la surproduction, l’intérêt pour la matière a disparu : 1% seulement de vêtements sont recyclés et 35% des textiles sont réutilisés ou recyclés.

En 2016, plus de 100 milliards de vêtements ont été vendus dans le monde. En France, cela représente 9,5 kilos par habitants. Un fait d’autant plus marquant qu’en 15 ans, la consommation de vêtements a augmenté de plus de 60%. Dans l’hexagone, 2,6 milliards de pièces sont mises sur le marché chaque année et 223 000 tonnes de TLC (textiles, linge de maison et chaussures) ont été collectées en 2017, ce qui représente 3,4 kilos par habitant. 

Revaloriser les invendus, invendables et autres « déchets textiles » devient un enjeu majeur pour de nombreuses marques, d’où l’intérêt d’insérer l’upcycling non seulement dans le quotidien des citoyens, mais aussi et surtout dans celui des entreprises. Réutiliser, recycler, surcycler : une démarche à la fois créative et écologique qui vise à allonger le cycle de vie des produits pour retarder leur recyclage ou leur statut de déchet. Il s’agit tout simplement de trouver une nouvelle utilisation à un objet dont on n’a plus l’utilité en le transformant.

Comme Laurie Raphalen, trouvez des trésors dans vos placards… découvrez son travail !

L’upcycling pendant la crise : la touche positive

La protection de l’environnement est un défi majeur et la surconsommation détruit peu à peu notre planète. La mode est en perpétuelle évolution et il n’est pas si difficile d’inclure l’upcycling dans notre quotidien : il suffit d’oser rompre avec nos habitudes. 

La crise sanitaire que nous vivons depuis quelques mois a légèrement contribué à faire bouger les lignes : lorsqu’il y a eu une pénurie de masques, nombreux sont ceux à avoir fait preuve de créativité en cousant eux-mêmes leur masque à partir de vêtements démodés, de vieux draps ou de chiffons un peu usés. 

Cette période nous a démontré que non seulement les citoyens étaient capables de transformer leurs vêtements ou objets, mais aussi et surtout que les entreprises l’étaient aussi ! En effet, beaucoup d’entre elles ont participé à la création de masques en tissus et de visières grâce aux restes de matériaux dont elles disposaient. Par exemple, les masques de plongée produits par Decathlon ont été reconvertis en respirateurs. Bien sûr, il s’agissait d’une situation exceptionnelle et les modes de fonctionnement et de fabrication étaient adaptés. Mais cela démontre tout de même que l’upcycling est applicable.

Les masques faits main, un geste solidaire et écologique

Des démarches d’upcycling de plus en plus nombreuses 

Donner une seconde vie aux objets, c’est l’objectif de l’association la Recyclade, située à Dijon. Un seul et même objectif anime l’ensemble de l’équipe de bénévoles : celui de recycler des objets destinés à la déchèterie, en gérant une boutique solidaire. Depuis 2017, elle a rejoint le réseau des partenaires éco-responsables de Dijon métropole. En 2019, elle participe au projet « Zéro Déchet, Zéro Gaspillage » en animant des ateliers sur l’upcycling afin de sensibiliser la population sur son importance. Les missions de l’association tournent autour de quatre points essentiels : la collecte d’objets et meubles dont les gens souhaitent se séparer, par le dépôt volontaire à la boutique solidaire ou à domicile, la valorisation d’objets, la vente dans la boutique solidaire, et la sensibilisation au développement durable à travers l’animation d’ateliers upcycling.

Au niveau national, des initiatives autour de l’upcycling se développent. En 2010, la maison de luxe française Hermès s’oriente vers une démarche plus éthique et durables avec les ateliers « petit h ». La valorisation des matériaux et objets non utilisés, considérés comme défectueux par la marque, font l’identité de cette nouvelle maison. Dans ce laboratoire créatif, quelques artisans laissent libre cours à leur imagination pour réinventer la matière. Comme le disait Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». C’est exactement la base sur laquelle s’appuie les ateliers « petit h » pour créer de nouveaux objets et les mettre en valeur. Les collections sont exclusivement créées à partir de chutes de cuir, coupons de tissus, morceaux de boucles, Zip, pièces en cristal ou en porcelaine cassées ou fendues. Une renaissance pour de nombreux objets, une victoire de plus pour l’upcycling qui ne fini pas de surprendre et d’être adopté. 

Autre preuve de l’essor de l’upcycling dans l’hexagone avec l’association Emmaüs Alternatives, porteuse du projet Les Résilientes.

Créé en janvier 2017, ce studio de design en milieu d’insertion professionnelle a pour but de créer collectivement des objets à partir de matières issues des dons faits à l’association, qui ne peuvent être vendus ou redistribués en l’état. Le projet s’articule autour de deux axes : la valorisation humaine, à travers des ateliers créatifs permettant de développer des capacités et compétences utiles dans un processus de réinsertion professionnelle ; et la revalorisation des matières et objets par l’upcycling.

Plus d’informations sur : https://emmaus-france.org/les-resilientes-emmaus-alternatives/

À l’international, l’upcycling est tout aussi populaire et a inspiré start-ups et grandes entreprises à ne pas jeter mais revaloriser les matières.

De la lance d’incendie au sac

En Grande-Bretagne, la marque de luxe Elvis&Kresse a eu l’idée de réutiliser les tuyaux d’incendie des pompiers londoniens, évitant en un an de gâcher 200 tonnes de matériaux. À partir de ces derniers sont créés sacs et portefeuilles durables. Le petit plus de la marque ?50% de ses recettes sont distribuées à des associations caritatives. La démarche a eu un tel succès qu’en 2017 débute un partenariat de cinq ans avec la maison de luxe Burberry. L’objectif ? Utiliser le surplus de cuir et faire un pas en avant pour un monde plus écologique. 

Dans la même optique aux Pays-Bas, la NS, société néerlandaise des chemins de fer, s’est engagée avec des start-ups et entreprises locales à créer neuf produits différents à partir des trains hors service. Le cuir des sièges est transformé en sacs de plage, le sol et le plafond deviennent des jeux d’échecs, et les affiches des stations de trains sont transformés en carnets. Grâce à cette initiative, la société promeut non seulement une approche plus écologique, mais contribue aussi au développement de petites entreprises ! 

Aujourd’hui, les consommateurs ont pris conscience de l’urgence de ne plus surproduire ou surconsommer. Ils réclament davantage de transparence et de sens dans ce qu’ils achètent.  Ils apprécient le « fait-main », le local. C’est sur ce constat que lesdifférentes initiatives s’appuient pour se démarquer et ainsi répondre aux nouvelles exigences des consommateurs. 

L’upcycling représente une opportunité, tant pour les consommateurs que les entreprises. C’est une belle façon d’exprimer sa créativité en alliant l’utile à l’agréable. En plein essor, l’pucycling présente de nouvelles perspectives d’emploi. Une alternative intéressante donc, tant le portefeuille que pour la planète !

Article rédigé par Manon Minard.

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