De l’information à la désinformation, il n’y a qu’un pas

Pour ce deuxième rendez-vous du Curious Live, les étudiants du Master MASCI reviennent cette saison pour vous parler de l’évolution de la communication dans l’histoire.

Cette fois-ci, Edith et Clément, accompagnés de Tory, Valentina et Chloé, ont eu l’occasion d’évoquer la question des “fake news” ou fausses nouvelles en français.

Les fake news ou fausses nouvelles

La fake news est un mot anglais qui signifie “fausse nouvelle”, infox ou fausses informations. D’après Jean Berthelot de la Glétais, journaliste indépendant, une fake news est : “une information volontairement fausse et diffusée avec un but précis, pour provoquer une réaction qu’on a cherché à anticiper.” Ce phénomène existe depuis bien longtemps puisque les personnes alimentant le concept sont les Hommes. Il a pris de l’ampleur depuis l’arrivée de la presse numérique mais aussi les réseaux sociaux qui permettent une propagande rapide. La fake news relève du mensonge et était déjà condamnée au Moyen Age par l’Église pour qui le mensonge était un péché.

D’autres nuances dans le type de contre-vérités

Nous pouvons distinguer plusieurs catégories comme la désinformation, les fameuses fake news. Ce sont des informations fausses et délibérément créées pour nuire à une personne, un groupe social, une organisation ou un pays. 

Il existe aussi la mésinformation qui consiste à partager des informations fausses mais non créées dans l’intention de nuire. 

Nous pouvons également compter la malinformation qui se caractérise par le partage d’informations basées sur la réalité, utilisées pour infliger un préjudice à une personne, un groupe social, une organisation ou un pays. Les fausses informations s’apparentent au phénomène de la désinformation et ce que nous allons développer dans cet article.

La désinformation : réel fléau sur les réseaux sociaux

Le Dictionnaire Le Robert nous explique que la désinformation se résume à l’utilisation des techniques de l’information de masse pour induire en erreur, cacher ou travestir les faits. Pour mieux comprendre ce terme, nous avons trouvé quelques synonymes : intoxication, matraquage, et propagande. Ainsi, nous remarquons que contrairement à la satire ou à la parodie, qui ont pour vocation de provoquer des émotions positives, la désinformation a pour ambition de manipuler le lecteur.

 

Évidemment, la désinformation n’a pas un caractère unique, c’est bel est bien une métamorphe, aux multiples visages : fausse connexion, contenu trompeur, faux contexte, contenu imposteur manipulé ou complètement fabriqué, sont tant de forme que peut prendre cette maladie virtuelle.

 

La désinformation n’est pas un concept qui est apparu il y a peu. En effet, les médias sociaux offrent un terrain de jeu idéal pour publier et diffuser des fausses nouvelles. Des études ont même révélé que l’explosion d’internet et la naissance de multiples réseaux sociaux dans les quinze dernières années ont entrainé une explosion d’informations trompeuses inexactes et souvent fausses.

Quelles solutions face aux fake news ?

Malheureusement, il n’existe pas de solution miracle à ce phénomène planétaire. Cependant, des outils et des armes législatives ont été mis en place afin de le limiter au maximum. Un observatoire de la désinformation a notamment été mis en place et à créer un environnement de travail commun grâce à une plateforme de vérification collaborative. Des outils de vérification tels que Thrush Nest ont également vu le jour pour permettrent aux utilisateurs de s’adresser à des sources telles que le Parlement Européen, ou Eurostat pour demander des positions officielles sur des questions spécifiques. 

Enfin, en France, 2 lois ont été votées entre 2018 et 2020 : 

La première lors des périodes électorales relevant de la “lutte contre la manipulation de l’information”, qui permet de saisir un juge afin d’exiger sous 48h le retrait d’une fausse information en ligne. Et la deuxième, hors période électorale qui impose un “devoir de coopération des plateformes” dont le contrôle est confié au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. 

Cependant, les textes ne prévoient pas de sanctions précises contre les opérateurs qui refuseraient de collaborer avec la justice et la légitimité des juges à définir ce qui est faux ou non, peut être remis en question. Un gros travail législatif reste donc à faire pour la question de la désinformation sur internet et les réseaux sociaux.

Qu’est-ce que l’effet chambre d’écho sur les médias sociaux ?

L’effet chambre d’écho se développe sur internet et les médias sociaux lorsqu’un groupe de personnes partageant les mêmes idées, croyances et tendance politique que vous se regroupent. Compte tenu de vos recherches passées et de vos discussions avec ces personnes, les algorithmes sur Google et les médias sociaux commenceront à vous enfermer dans une chambre d’écho, hermétique aux informations contraires à vos croyances. Une fois dedans, vous ne serez plus que confronté à des informations et des opinions qui viendront renforcer les vôtres. C’est un phénomène d’exposition sélective à l’information qui vient renforcer notre biais de confirmation. Le problème avec l’effet chambre d’écho c’est que vous serez de moins en moins exposé à l’opinion des autres. Et cela peut amener des groupes ayant une opinion similaire à adopter des positions plus extrêmes sur un sujet.

Un exemple de chambre d’écho pour le moins parlant est le mouvement anti-masque/anti-vaccin. Pour faire simple, si vous pensez que les masques sont nocifs pour votre santé ou que c’est une recherche que vous avez fréquemment effectué dans le passé, vous êtes susceptible d’être en contact avec d’autres qui pensent également que les masques nuiront à votre santé et vous serez pris dans une chambre d’écho comprenant des informations et désinformations rejoignant votre opinion.

Si vous pensez être pris dans une chambre d’écho, demandez-vous :

Ai-je tendance à uniquement lire des sources qui partagent toutes la même opinion sur un sujet ? Demandez-vous également, est-ce que cette opinion que je vois partout sur la toile, est-ce qu’elle va à l’encontre du point de vue de l’opinion publique ? Si vous répondez oui à l’une de ces questions alors vous êtes probablement pris dans une chambre d’écho. Il n’y a aucun moyen sûr de les éviter. Mais il y a des choses que vous pouvez faire pour éviter la désinformation et vous tenir au courant. Veillez à utiliser plusieurs sources ayant des avis divergents sur un sujet afin de bien vous tenir informé. Et comprenez que ce n’est pas parce que vous voulez que quelque chose soit vrai qu’il le sera.

« On ne peut pas se plaindre de recevoir une mauvaise information si on ne se fie qu’à un seul média. Le problème à ce moment-là c'est vous, c’est pas “les médias” comme on dit. »
Robert Bourgoing
Journaliste et formateur en journalisme d’investigation

Les fake news, une arme en politique

Détourner la vérité à des fins politiques ne date évidemment pas d’hier. Les fake news ont donc fini par s’inviter dans ce domaine, car quoi de mieux pour influencer la population qu’une information transformée à notre avantage. Mais au-delà de vouloir créer le buzz en propageant une fake news, en politique cela devient un outil à la diffusion d’informations. Ces dernières sont d’autant plus nombreuses en période électorale, devenant alors un vrai fléau car la population est submergée d’informations vraies et fausses. Ces fake news participent à des tentatives de désinformation et d’influence de la population. Mais si dans les démocraties le débat est libre et que la population à divers moyens de s’informer et donc de vérifier ce qu’on lui dit, pour les régimes autoritaires les fake news peuvent se transformer en véritable arme politique. Elles alimentent les campagnes de propagande ou encore maintiennent les peuples dans un état d’ignorance de la réalité. Ce sont souvent des mécanismes subtiles comme modifier des photos ou des chiffres à l’avantage des politiques. 

 

Comment parler de fake news en politique sans aborder le champion en la matière, Donald Trump. Si ce terme a envahi la sphère politique depuis les élections américaines de 2016, c’est en partie lié à cet homme. C’est notamment à travers son mode de communication favori, les tweets, que sont apparues des milliers de fake news pendant son mandat. Il est même allé plus loin car à chaque fois que les journalistes tentaient de rétablir la vérité, Donald Trump les accusait de désinformation. Donc à force de répéter que l’opinion publique était contre lui, ses électeurs ont fini par croire que si l’on disait que Trump mentait c’est qu’il disait la vérité. Et si certaines informations qu’il partageait semblaient grotesques et donc sans réel danger, d’autres ont tout de même ébranlé certains moments de la vie politique. Le 6 janvier 2021 à Washington des milliers d’émeutiers ont pris d’assaut le capitole, le siège du Congrès des États-Unis, pour protester contre l’élection présidentielle de Joe Biden datant de novembre 2020. Cette violence a été alimentée par Donald Trump. Il a commencé par répéter pendant des mois qu’il ne perdrait jamais l’élection présidentielle. Et lorsqu’il a perdu, il a dénoncé des fraudes massives en affirmant que son parti avait des preuves. C’était évidemment faux mais ce sont les mensonges de Donald Trump qui ont provoqué ces violentes attaques. 

Crédit : Par Tyler Merbler — https://www.flickr.com/photos/37527185@N05/50812356151/, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=98637757

Pour lutter contre les fakes news