Comprendre le slow fashion

Pour bien commencer l’année nous vous accueillons pour la 5e émission du Curious Live ! L’émission de radio mensuelle réalisée par les étudiants du Curious Lab où nous abordons des sujets autour de l’éthique et de la responsabilité sociétale des entreprises. 

Cette fois-ci, Elise Jager et Eva Den Broeder sont accompagnées de Judith Becker, Camille Da Cunha et Maëlle Logé pour vous présenter les joies du slow fashion !  

Retrouvez les podcasts Curious Live sur www.rcf.fr en Bourgogne. 

Curious Live

Les conséquences de la fast fashion

Commençons par une petite remise en contexte : dans les dernières décenniesnous avons observé une augmentation de la consommationAvec les belles publicités et les prix attractifs, nous avons toujours envie d’acheter.  Mais ceci a de nombreuses conséquences humaines, écologiques et économiques. Finalement, on perd toute valeur des habits. C’est sympa d’acheter un tshirt à 1€, mais au final, ce n’est qu’un habit de plus dans une armoire déjà pleine.  

Avant les années 1800, la mode était lente. En général, le vêtement avait une fonction bien précise et était surtout utilitaire. Les gens ne s’habillaient pas pour être beaux, mais pour avoir chaud, pour se protéger lorsqu’ils travaillaient dans les usines… Lors de la révolution industrielle, de nouvelles technologies sont apparues. La fabrication est devenue plus facile, plus rapide et moins couteuse.  

Tabouret avec des vêtements dessus

Vous connaissez tous le concept du fast-food ? Un service rapide, à bas coût et avec une qualité pas toujours au rendez-vous. Dans le monde de la mode, pour décrire ce même type de procédé, on parle de Fast fashion.  

À partir des années 2000, la mode à bas prix a atteint son apogée et le terme a commencé à être utilisé. La fast fashion englobe toutes les marques bon marché et à la mode qui reprennent les idées de la culture des défilés pour les transformer en vêtements accessibles à tous, à moindre coût et à une vitesse fulgurante.  

Il y a des facteurs clés, communs aux marques fast fashion : plus d’une dizaine de collections par an, un délai de production extrêmement court, une fabrication à l’étranger, des matériaux de mauvaise qualité et bon marché et aucune transparence sur le prix et la provenance. 

Cette méthode de production a de nombreuses conséquences écologiques et de nombreuses associations tirent la sonnette d’alarme.

  • La fast fashion utilise 1% de la consommation mondiale d’eau pour la culture du coton mais aussi pour la production des tissus.  
  • C’est aussi le deuxième plus grand pollueur d’eau propre au monde après l’agriculture.  
  • Elle représente 30 % des déchets retrouvés dans l’océan lié à l’utilisation du polyester qui libère des microfibres qui se détachent des vêtements.   
  • La production des tissus émet 8% des gaz à effet de serre du monde, un chiffre similaire à l’ensemble des transports routier de la planète.  
Usine créant des vêtements

La fast fashion a aussi des conséquences humainesCette problématique a notamment été posée lors de l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh en 2013. Très médiatiséecette catastrophe a entraîné une prise de conscience sur la réalité des productions à bas coût 

Plus récemment, le travail forcé des Ouïghours dans des camps a interpel de nombreux consommateurs et associations, en pointant du doigt des grandes marques impliquées dans cette affaire.  

Enfin, la fast fashion a aussi un impact sur les consommateurs car elle pousse à la consommation et créée un sentiment constant de besoin et d’insatisfaction. De cette surconsommation, nous perdons même la valeur des habits, tout est jetable, temporaire et dénué de sens.

La surconsommation, un problème qui ne date pas d'aujourd'hui

Il existe de nombreuses raisons à notre surconsommation : la paraitre, la société, le marketing et la publicité ont un rôle clé. On nous fait croire que le bonheur s’achète et que nous n’avons donc jamais suffisamment d’objets, de matériel, de vêtements.  Ce problème de surconsommation nous est inculqué depuis notre plus jeune âge. Pour être toujours à la pointe des tendances, nous achetons les dernières chaussures à la mode que nous porterons finalement qu’une saison avant de se démoder.

Un cercle vicieux apparaît dans nos habitudes de consommation et celles-ci nous poussent parfois à accumuler des biens pas forcément nécessaires.

Depuis 5 ans environ, l’essor des influenceurs, bloggeurs et youtubeurs a amplifié ce phénomène dans le monde de la mode et les marques s’en servent pour faire leur publicité.  Le rôle de ces nouveaux acteurs de la consommation est à double tranchant car si certains se positionnent dans une démarche plus éthique, en essayant d’inculquer des valeurs plus durables à leur communauté, telles que la seconde main ou encore en conseillant des produits de qualités, d’autres ont un positionnement complètement différent.   

En effet, certaines influenceuses possèdent tout, reçoivent des dizaines de colis par jours, montrent leur dressing plein à craquer et inspire leurs abonnés à faire de même. Beaucoup de jeunes filles et femmes s’identifient notamment à ces influenceuses, les prennent pour modèle et surconsomment sans même savoir si elles ont réellement besoin de ces nouveaux achats. 

Femme cherchant des vêtements

Une prise de conscience de la part des consommateurs

Ces dernières années beaucoup de documentaires et reportages ont été diffusés pour rendre compte des effets de la fast fashion et essayer de faire évoluer les mentalités. Nous pouvons par exemple citer les documentaires The true Cost ou encore Révolte dans la mode pour éduquer les consommateurs sur les conséquences de la fast fashion.  

Aujourd’hui, de nombreux consommateurs recherchent de la qualité et misent beaucoup sur la fabrication des vêtements, d’où ils proviennent, par qui ils sont fabriqués, est-ce que les conditions de travail sont bonnes ? Des variables qui intéressaient que très peu il y a encore quelques années. 

On insiste également beaucoup aujourd’hui sur l’impact que la fast fashion a sur la planète, non seulement pour nous mais également pour les générations futures.  

Bien évidemment, le monde de l’influence permet aussi de faire évoluer les mentalités positivement et motiver les consommateurs vers l’éthique. En effet, certaines influenceuses prennent parti pour le slow fashion. D’autres ont même créer leur propre marque, comme Rézine. Petit à petit, il y a une prise de conscience généralisée grâce à tous ces éléments.  

Une mode à contre-courant : la slow fashion

Pour faire face à ce mouvement, un concept mondial dans l’univers de la mode est apparu le slow fashionIl propose une mode et une consommation plus lente, basé sur des marques « sustainable », c’est à dire éco responsable et avec des valeurs éthiques. L’idée est aussi d’acheter moins mais mieux, d’investir pour garder plus longtemps. De nombreuses petites marques ont alors commencé à émerger, alliant matières de qualité, naturelles et recyclées, souvent locales : made in France ou made in Europe. Ce sont des marques qui créent des petites collections et qui tentent d’améliorer les conditions de travails des ouvriers.

Le slow fashion s’est fondé sur trois piliers :

  • Une mode éthique,fondée sur des valeurs morales : respect des hommes, de la planète et de soi. C’est une démarche difficile car les problèmes sociaux mondiaux dépassent notre entendement. S’approprier cette notion d’éthique est plus compliqué quand on habite en France, où les rivières polluées et les ateliers surchargés sont une réalité bien lointaine. 
  • Une mode durable, qui consiste simplement à répondre à nos besoins sans impacter la capacité des générations futures de répondre aux leurs. En fait, faire de la mode durable, c’est préserver l’écosystème, la vie de ceux qui travaillent dans ce secteur et leur savoir-faire. 
  • Une mode responsabletout au long de la chaîne de production de la fabrication à la commercialisation. On parle dans ce cas de RSE. 
Rayon de vêtements

Afin de réglementer les marques, plusieurs labels ont été créés afin d’évaluer la qualité environnementale, sanitaire et sociale, des produits textiles. Le plus complet et fiable est le GOTS (Global Organic Textile) lancé en 2008. Il garantit notamment le caractère biologique des fibres et la « responsabilité du point de vue social et environnemental de la transformation et de la fabrication textiles. » 

Nous voyons aussi émerger des applications qui permettent de scanner les codesbarres pour avoir des indicateursPar exemple, l’application ClearFashion permet de connaitre l’histoire d’un vêtement, d’une marque et son impact !

Les initiatives viennent aussi directement des marques. La marque de basket VEJA est devenue un incontournable dans la “mode éthique”. Cette marque précurseur a lancé en 2005 la première basket éthique, réalisée avec du coton bio équitable. Cet engouement pour la mode éthique a pu se démocratiser grâce à sa médiatisation sur réseaux sociaux ! C’est le cas de la marquelilloise Maison Cléo qui a démarré par quelques publications sur Instagram…  

Il ne faut pas oublier que les créateurs locaux sont souvent les plus avancés en matière d’exigence éthique, grâce à l’aspect artisanal de leur travail et leur proximité avec les consommateurs.  

Comment éviter de surconsommer ?

Il est facile de s’informer et de s’éduquer sur la fast fashion et la surconsommation, mais passer à l’acte et changer ses habitudes demande beaucoup d’efforts. 

Si nous nous intéressons aux témoignages trouvés sur internet, la plupart ont commencé à réduire leur consommation de vêtements en se penchant sur la cause écologique et humaine. La fabrication et le transport pollue énormément. Si vous ajoutez à ça les usines délocalisées, les travailleurs sous-payés et les très mauvaises conditions de travail… La prochaine fois, avant d’acheter un nouveau vêtement on va y réfléchir à 2 fois. On réalise que l’acheteur a un vrai pouvoir, en décidant de consommer ou non et dans quels magasins acheter. Alors pourquoi on n’utiliserait pas ce pouvoir pour une mode plus éthique ? 

Nos idées

Pour conclure sur ce sujet, laissez-nous vous proposer quelques idées à mettre en place au quotidien. Tout d’abord,  

  • Comme dirait Orsola de Castro, co-fondatrice du mouvement Fashion Revolution : « le vêtement le plus durable est celui qui est déjà dans votre placard ». Faites un tour dans votre dressing et remémorez-vous toutes les belles pièces que vous possédez déjà.  
  • Réfléchissez avant d’acheter une nouvelle tenue pour chaque événement. Porter la même robe 2 fois n’est pas un crime !  
  • Faire une liste de vos envies et besoins et essayer de vous y tenir ! 
  • Vos vêtements, chaussures et sacs sont démodés ? N’oubliez pas que les tendances se renouvellent ! Un jour, votre pull démodé refera surface sur les réseaux sociaux !  
  • Donnez les vêtements que vous n’utilisez plus (à des associations, ou alors à des personnes de votre entourage). Vous pouvez aussi les vendre sur des applications comme Vinted par exemple. Cela permettra de donner une seconde vie à vos vêtements ! 
  • Supprimez toutes les applis de marques de vêtements de votre téléphone ou tablette (sauf celles de seconde-main si vous pensez avoir besoin de quelque chose) 
  • Désabonnez-vous des influenceurs qui vous incitent à l’achat ou qui vous font prendre conscience que vous n’avez “pas assez” alors que vous avez déjà trop. Suivez plutôt des personnes qui vous aiderons à évoluer dans cette prise de conscience. Les nombreux codes promos et concours sur Instagram sont surtout des incitations à vouloir toujours plus de choses. 
  • Upcycling, seconde main, marques écologiques… de nombreuses options s’offrent à nous. Avez-vous déjà pensé à la mode éthique comme une nouvelle manière de consommer ? Par exemple, acheter des vêtements de secondes mains, c’est un peu comme faire une chasse au trésor. On cherche la perle rare qui viendra sublimer notre style. Et pour l’upcycling, vous n’avez jamais rêvé d’avoir une pièce unique ? 

Vous constaterez un net impact sur votre porte-monnaie, cet argent gagné pourra vous permettre de vous faire plaisir avec un ou deux achats mais de qualité, ou bien sûr de faire des sorties entre amis, de voyager ou d’acheter des choses plus utiles.  

Rayon de vêtements

Pour aller plus loin...

 

  • Envie de vous informer à l’ancienne ? Alors on vous propose Une mode éthique est-elle possible ? de Majdouline Sbai 
  • Si les documentaires vous parlent plus, alors nous vous conseillons The True Cost – réalisé par Andrew Morgan en 2015 (plus d‘informations sur https://truecostmovie.com/watch/the-true-cost) ou alors Révolte dans la mode, réalisé par Laurent Lunetta et Ariel Wizman en 2018 (disponible sur Arte) 

Article rédigé par Camille Da Cunha, Judith Becker et Maëlle Logé.

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