Introduction à l’Ethique animale

Pour cette huitième thématique du Curious Live – l’émission radio mensuelle des étudiants du Curious Lab – nous parlons d’éthique animale et son impact sur notre société et nos consommations.
Un article et une émission réalisés par Élise Jager, Eva Den Broeder, Alex Brizard, Anaïs Ranouil et Geoffrey Martin.


Retrouvez les autres podcasts du Curious Live sur www.rcf.fr en Bourgogne.

Entre l’alimentation et la mode, la question d’éthique animale fait beaucoup parler d’elle et touche notre quotidien de façon régulière. En fait, il s’agit d’une véritable question de société. Pourtant, 30 en arrière, les expressions ”éthique animale” et “bien-être animal” n’étaient pas des sujets dont on entendait vraiment parler…

Une sensibilité particulière au bien-être animal dans tous les secteurs

Le secteur agro-alimentaire

C’est suite à plusieurs gros scandales alimentaires survenus au cours de ces dernières décennies (la vache folle, l’affaire des lasagnes pure bœuf à la viande de cheval, la grippe aviaire, le scandale du lait infantile Lactalis…) que les consommateurs sont devenus méfiants envers les marques de l’industrie agroalimentaire. La confiance est pourtant une notion clef du marketing, autrement dit : ce manque de confiance a un impact sur les ventes. Résultat : pour que les consommateurs achètent à nouveau, ils ont besoin de transparence notamment au niveau de la traçabilité. Ils ont besoin d’avoir facilement accès aux réponses à leurs questions (comment cela est-il produit ? est-ce en plein air ? est-ce de l’élevage intensif ? par qui ?…). Parallèlement, on fait quotidiennement face au changement climatique et l’industrie de la viande commence à être lourdement pointée du doigt – par les associations de protection environnementale et par les consommateurs – pour son énorme impact sur la planète.

La forte consommation en ressources du bétail (en eau principalement mais aussi en nourriture) et les nombreux trajets à travers la planète générés par cette industrie sont de moins en moins tolérés et sont de plus en plus mis en lumière par les médias. Nous parlons bien-sûr de son impact au niveau mondial, il faut avoir en tête que dans des pays comme le Brésil ou les Etats-Unis, on parle de “fermes usines”, un terme qui en dit long sur le traitement des animaux. Cela soulève donc de nombreuses questions : à quoi ressemble la vie des animaux avant qu’ils arrivent dans nos assiettes ?

Aujourd’hui, nous sentons l’inconfort et le malaise croître lorsque l’on parle d’élevage intensif et des conditions de vie des animaux d’élevage. Cette montée en puissance de l’opinion est principalement due à un grand nombre d’images, que nous n’avions pas forcément avant. A l’heure actuelle, on nous montre les choses visuellement. On a accès à des images, des vidéos qui montrent ce qu’il se passe sur les lieux d’élevage, dans les abattoirs. Par quels moyens ? Des campagnes publicitaires choc de la part d’associations par exemple, mais aussi de partage de vidéos sur les réseaux sociaux, ou encore des documentaires qui informent sur les réelles conséquences d’une consommation de produits d’origine animale en trop grosse quantité. Nous pouvons citer par exemple Cowspiracy ou Seaspiracy, des documentaires disponibles sur Netflix et qui ont permis une prise de conscience particulièrement chez les plus jeunes. Toutes ces raisons, créées peu à peu une forme de révolte citoyenne contre les grosses entreprises, responsables de ces faits.

  • Les entreprises ont compris les nouvelles attentes des consommateurs. Elles prennent les choses en main en faisant évoluer leur modèle économique et en renvoyant leurs priorités. De cela émergent de nouvelles formes de pratiques et d’habitudes de consommation :
    Les différents régimes alimentaires qui prônent une consommation raisonnée de produits issus d’animaux comme les flexitariens ou plus radicalement : les végans.
  • L’explosion du made in France et du locavorisme : puisque la consommation locale ou de proximité assurent à la fois la rémunération correcte d’agriculteurs ou producteurs et non pas de gros industriels, la qualité des produits, et la bientraitance des animaux qui ne font pas forcément des centaines de kilomètres, vivants ou morts.

Les cosmétiques

Les termes anglophones “Cruelty Free”, ça vous parle ? Il s’agit d’un label qui certifie que les produits ou les services – qui prône cette labellisation – ne contiennent aucun ingrédient testé sur les animaux. On entend souvent parler du Cruelty Free associé aux cosmétiques. C’est Charles Hume et W.M.S. Russell qui, en 1957, ont introduit le concept des trois R dans leur livre Principles of Humane Experimental Technique. Ces trois R représentent le remplacement, la réduction et le raffinement ; des techniques pour éliminer ou limiter l’utilisation des animaux dans les tests cosmétiques. Depuis, la réalisation de tests sur animaux a été rendue interdite en Europe pour les produits cosmétiques en septembre 2004 et pour les ingrédients cosmétiques en mars 2009.

Cela dit, les labels qui devraient nous aider à faire le tri entre les produits restent flous, puisque le label cruelty free ne garantit uniquement que le produit final et ses ingrédients ne soient pas testés sur des animaux. Le produit, quant à lui, peut toujours contenir des ingrédients d’origine animale. Au contraire un label vegan ne nous indique seulement qu’il n’y a pas d’ingrédients d’origine animale ; mais il ne garantit rien contre les tests. Afin d’aider les consommateurs plusieurs associations se sont rejoint dans les années 90 pour rédiger la charte du ‘Leaping Bunny’ (“lapin bondissant”). Ce label garantit principalement :
– Qu’aucun produit, ni ingrédient qui le compose, ne doit avoir été testé sur les animaux
– Que les entreprises peuvent en livrer une preuve
– Que les entreprises soient d’accord pour être contrôlés à n’importe quel moment.
Dans le même esprit, nous pouvons citer ‘Beauty Without Bunnnies’ (“la beauté sans les lapins”), un label créé par PETA, et qui réunit globalement les mêmes critères. Les sites de ces deux labels ont un moteur de recherche sur lequel nous pouvons vérifier si notre marque de cosmétique préférée respecte les animaux – ou pas.

La mode

Avant même de traiter du sujet de l’éthique animal dans le secteur de la mode, il faut citer qu’il est compliqué de le standardiser. En effet, chacun à son propre degré de tolérance : certains voudraient ne pas utiliser de produits d’origine animale du tout, d’autres voudraient que les conditions de vie des animaux s’améliorent. Ici, partons du principe que nous ne voulons pas utiliser d’animaux du tout.

L’exemple typique : la fourrure : depuis les années 80, ce matériau est de plus en plus mal vu. Plusieurs actions et lois ont déjà été mises en place dans bien des régions du monde. L’utilisation de fourrure d’espèces spécifiques – dont les tigres et les ours polaires par exemple – est interdite par la Fédération internationale de la fourrure. La fourrure est critiquée pour ses conditions de détention et d’abattage des animaux horribles. Toutefois, à l’heure actuelle, l’élevage d’animaux à fourrure n’est illégal qu’en Autriche, en Croatie, en Angleterre et au Pays de Galles. Nous pourrions avoir l’impression que l’interdiction de la vraie fourrure est beaucoup plus rependue puisque beaucoup de grandes maisons de mode ont banni la fourrure de leurs collections, commençant par Calvin Klein en 1994. Depuis, d’autres ont pris cette initiative, comme Gucci et Ralph Lauren. Ils font partie de la Free Fur Alliance, une organisation internationale contre l’utilisation de la fourrure. D’un point de vue légal, il est encourageant de noter que les mentalités envers ce matériau continuent d’évoluer : en France, en septembre 2020, la ministre de la transition écologique a annoncé une fermeture progressive des élevages de vison, avec comme but une fermeture totale en 2025.

Autre exemple central dans les questions du “bien-être animal” : le cuir. Ce dernier pose trois problèmes principaux :
• La sécurité des humain (le cuir peut être toxique pour ceux qui le produisent et ceux qui le portent)
• Le bien-être de la planète (l’industrie produit énormément de gaz à effet de serre)
• La question d’éthique animale (1 milliard d’animaux sont élevés et abattus pour leur peau chaque année)
De plus, le manque de transparence dans l’univers du cuir rend souvent impossible de déterminer l’animal auquel appartenait la peau et quand l’espèce est indiquée, il reste impossible de savoir comment l’animal a vécu et dans quelles conditions il a été mis à mort. Vu ces conditions, nous pouvons nous demander si la meilleure option ne serait pas d’arrêter de porter du cuir, tout simplement. D’autant plus que des alternatives au cuir ne cessent de se développer : l’apparition du cuir végétal et du similicuir, très répandu depuis quelques années. Ces options sont produites de façon écologique et éthique tout en étant résistantes et durables. A titre d’exemple, citons le Dinamica : une microfibre ressemblant à du daim, ou encore l’Alcantara, une fibre synthétique. Il existe d’autres types de cuir (l’humain peut se montrer très créatif) : du cuir de vignes, ou pour encore le Pinatex (cuir d’ananas), utilisé notamment par Puma. On se rend finalement compte que le cuir animal est loin d’être indispensable. Toutes ces alternatives montrent qu’il est même possible de de réaliser des cercles vertueux par le cuir fabriqué à partir de fruits invendus : un processus doublement bénéfique : pour nous, les animaux et la planète. Ces options sont d’ailleurs très répandues ! Bien sûr elles sont utilisées par des marques de haute couture mais aussi par des marques accessibles à tous comme par exemple Zara et H&M.

Comment est-ce devenu un sujet de société ?

Premièrement, une prise de conscience massive et unanime a eu lieu dans les mentalités : nous devons préserver notre environnement pour se préserver nous-même. Si nous continuons d’épuiser nos ressources, nous ne pourrons plus vivre sur cette planète. De plus, l’élevage se retrouvera au point mort, ce que les producteurs eux-mêmes ne souhaitent pas. Cela a été accompagné par une prise de conscience sur la consommation. Lors d’une étude réalisée au sein du master MASCI dans le cadre d’un enseignement “Savoirs et Méthode”, nous avons appris que dans grande majorité des cas (presque 70% des personnes interrogées) les consommateurs souhaitent consommer plus sain, plus local, plus éthique et cela passe par le bien-être animal.

Deuxièmement, comme évoqué précédemment, l’essor des réseaux sociaux et ses usages, a permis une mise en évidence des traitements atroces réalisé dans certains élevages. Mis en évidence par L214 dans les reportages de Brut ou Konbini, ces témoignages ont le don de révolter les gens. Dernièrement c’est un reportage de L214 sur les élevages de porcs clairement illégaux mais autorisés par la préfecture qui a choqué les auditeurs. Nous reviendrons plus en profondeur sur l’association L214 et son rôle. Par le partage sur les réseaux sociaux, ces articles, photos et vidéos finissent par toucher un grand nombre de citoyens. L’ampleur est telle qu’il est aujourd’hui pratiquement impossible de ne pas être au courant de la réalité des conditions de travail des employés et de traitement des animaux dans les abattoirs.

Troisièmement, l’émergence de travaux scientifiques révolutionnaires sur les animaux. Les travaux sur la conscience des animaux, leur ressenti face à la douleur, réalisés depuis 2010 par l’INRA (institut national de recherche agronomique) et l’INRAE (l’Institut National pour la Recherche sur l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement) qui ont recensé près de 1500 articles et études du comportements sur les animaux. Nous savons à présent, que les animaux ont une conscience bien plus développée que précédemment cru – ce qui entraine une remise en question de nos pratiques d’élevage, d’abattage et de consommation des animaux.

Le bien-être animal est devenu un sujet de société récurrent, à un tel point que selon une étude Worldpanel FMCG de 2018, 73 % des consommateurs favorisent des produits prenant en compte le bien-être animal. La pandémie de COVID-19 et ses nombreux confinements a permis à de nombreux consommateurs de s’interroger sur leur mode de vie. Qui n’a pas réfléchi au fait de créer un potager, de cuisiner plus à base de produits primaires, ou encore de réduire son impact sur l’environnement ? Les mentalités changent et dirigent les acteurs de la consommation vers des améliorations concernant le bien-être animal. Cela concerne les entreprises alimentaires, cosmétiques ou encore pharmaceutiques, mais aussi les laboratoires, les éleveurs et les distributeurs. Ils s’alignent sur la demande croissante et, face à des consommateurs de plus en plus engagés, ils ont à cœur de modifier leur façon de faire, créant ainsi un mouvement collectif.

Les entreprises ont un objectif commun : proposer un mode de vie plus respectueux pour la planète et pour les animaux. De ce fait, beaucoup font évoluer leurs politiques RSE pour répondre à l’ensemble des parties prenantes. Cela passe par la création d’un cahier des charges ou son évolution, qui permet de créer une liste de critères bien précis à respecter pour une meilleure éthique animale. Par exemple, l’arrêt des tests in vivo sur les animaux pour certains groupes pharmaceutiques, la création d’alternatives à la fourrure dans la mode comme évoqué précédemment, le retour aux fondamentaux avec des méthodes plus respectueuses de la nature pour l’élevage , … Des plans d’action en faveur du bien-être animal sont aussi créés, présentant les objectifs d’amélioration sur le court ou moyen terme. Ces plans permettent de s’engager pour un monde meilleur, de s’adapter à la demande et aux revendications des consommateurs mais aussi d’améliorer la qualité des produits, cela est aussi valable pour la filière alimentaire : moins stressés et mieux nourris, les animaux produisent des éléments de qualité nutritionnelle supérieure.

Les entreprises peuvent même avoir recourt à des consultants RSE. Ils permettent d’accompagner les entreprises dans leur changement de fonctionnement, en apportant un point de vue extérieur, en réalisant des études auprès des diverses cibles, en proposant des axes d’amélioration. Ils les accompagnent afin d’atteindre les buts de leurs plans d’actions. Les entreprises souhaitent devenir plus transparentes mais aussi rassurer les consommateurs sur la question de l’éthique animal. Elles n’hésitent donc pas à communiquer leurs engagements et leurs actions auprès des consommateurs, de l’origine du produit jusqu’à sa mise en rayon.

Cela leur permet non seulement de se démarquer mais surtout de gagner en crédibilité auprès de consommateurs de plus en plus exigeants et soucieux de leur mode de vie. Mais ce n’est pas tout : c’est aussi essentiel pour les employés et collaborateurs des entreprises ! Ces derniers ont une double étiquette : ils sont aussi consommateurs. Ils souhaitent travailler pour et avec des entreprises qui portent leurs convictions et dans lesquelles ils se reconnaissent, et l’éthique animale est importante pour eux. Il existe ainsi un lien fort entre la perception de l’engagement d’une entreprise et l’épanouissement des salariés ou collaborateurs. Selon une étude BVA de 2019, dans une entreprise considérée comme engagée sur au moins un domaine, les salariés ont plus l’impression que leur métier est utile (97% contre 93% pour l’ensemble des salariés), a du sens (93% contre 87%), est en adéquation avec leurs valeurs personnelles (86% contre 80%), est motivant (77% contre 70%) et est épanouissant (76% contre 68%). Des chiffres qui ont sûrement explosés avec la crise COVID.

Des trophées et des prix RSE ont même été créés afin de récompenser les bonnes pratiques et les innovations des entreprises, y compris pour le bien-être animal. Il y a par exemple Les trophées RSE des Entreprises du Médicaments, le Trophée Valorise, Les Trophées Bien-être Animal de CIWF ou encore les trophées de la diversité et de la RSE de LSA conso.

Quel rôle jouent les associations dans la popularisation de l’éthique animale ?

Comment parler d’éthique animale sans évoquer les associations ? Certaines d’entre-elles, comme L214 et la CIWF (Compassion in World Farming : une association qui agit énormément auprès des entreprises) sont très médiaitsées. Nous pouvons aussi citer le Better Chicken Commitment, l’actualité la plus récente : en effet, KFC, la célèbre marque de fast-food spécialisée en poulet, s’est engagée à signer cette charte sous l’impulsion de CIWF France, L214 mais également de nombreuses autres associations européennes. Leur impact sur la vision que le public a par rapport à leur image est impressionnant ! Pour revenir à L214, il faut savoir qu’après la diffusion de chacun de leurs reportages (le plus récent en date portant sur les élevages de poulets), on observe une nette mobilisation auprès des entreprises, parfois même des restructurations complètes des chaînes d’approvisionnement (la marque Herta, par exemple, a suspendu son contrat avec des producteurs qui ne respectaient pas les valeurs de la marque concernant le bien-être animal). 

Malheureusement, au sein de l’Union Européenne, bien qu’en avance comparé aux pratiques que nous pouvons voir à d’autres endroits sur la planète, il est difficile de faire passer des lois sur le sujet et il reste de nombreuses zones de flou. C’est là encore qu’interviennent L214 ou la CIWF afin de créer des cadres légaux clairs, notamment en définissant le concept de “bien-être animal” pour convenir à la fois aux producteurs (c’est-à-dire sans leur imposer trop de contraintes), aux animaux, mais surtout aux consommateurs. 

Ajoutons à cela des mesures concrètes qui découlent directement ou indirectement d’actions de la part des associations : les 0, 1, 2 sur le code imprimé sur l’œuf ou sur la boîte, par exemple. A titre de rappel, le 0 représente que l’œuf est bio, 1 : en plein air, 2 : les poules élevées au sol mais n’ont pas de parcours à l’extérieur et 3 : les poules élevées en cage aménagée (la part la plus importante de la production française). Ce marquage est une exception européenne venue de France, qui est le premier pays à l’imposer. La règle est entrée en vigueur en 1999 en France, puis dans toute l’Europe en 2002. De plus, depuis 2012 les poules vivent dans de nouveaux hébergements en groupe de 20 à 60 maximum, où elles disposent en particulier de perchoirs et de nids. Cela rejoint le Better Chicken Commitment évoqué plus haut : les entreprises peuvent s’engager à améliorer encore plus les conditions de vie des poules en appliquant cette politique visant au bannissement des poules élevées en batterie d’ici 2025. Après tout, manger sain, c’est mieux à la fois pour l’environnement mais aussi pour nous-même.  

Alors comment faire pour s’assurer que la viande que nous consommons provienne d’animaux traités dans de bonnes conditions ? 

La façon la plus facile consiste à ne pas (ou moins) consommer de produits provenant ou testé sur des animaux. Par exemple, une initiative de la LFDA : l’étiquette ‘Bien-être animal’, qui par une notation de A à D informe des conditions dans lesquelles les animaux sont élevés. Pour l’instant, l’étiquette n’est pas encore obligatoire, seuls les producteurs et les marques qui le souhaitent sont audités. L’initiative a pour objectif d’informer le consommateur pour progressivement le pousser à mieux consommer. Elle sert aussi à promouvoir « un étiquetage harmonisé sur le bien-être et la protection animale au niveau national à moyen terme et au niveau européen à plus long terme ».

La sensibilisation du public

Les associations se démarquent aussi par leur rôle dans la sensibilisation du public. L’exemple le plus récent étant la campagne de publicité “Save Ralph” diffusée par la Humane Society International. En effet, les projets associatifs de ces structures visent surtout à la sensibilisation du public sur ces débats à la fois scientifique, philosophique et juridique. 

Cela nous fait revenir à pourquoi ce genre d’association existe et pourquoi elle agisse en faveur du bien-être animal. La CIWF, L214, la fondation Droit-Animal mais aussi les mouvements tel que le véganisme, le flexitarisme, le primitivisme et toute les tendances alimentaires qui émergent en ce moment existent à cause d’une raison : la science, rien qu’en France, depuis 2010, l’INRAE et l’INRA, les instituts nationaux de recherches sur l’alimentation, l’agriculture et l’environnement ont recensé plus de 1500 articles sur le comportement animal  !

 Un exemple de vidéo de sensibilisation par la Humane Society International : “Save Ralph”  

Comment se réinventer ?

Le bien-être animal étant un sujet sensible et important, de nombreuses entreprises sont contraintes de se réinventer. Un des secteurs les plus pointés du doigt dans cette histoire sont les zoos – c’est pourquoi l’AFdPZ, l’Association Français de Parcs Zoologiques a publié un nouveau code d’éthique à l’attention de ses membres. Les zoos ont pour obligation d’ « Agir dans l’intérêt de la conservation de la vie sauvage, de la biodiversité et du bien-être animal au travers de sa communication et de ses actions ». Les membres s’engagent à :

  1. A traiter les animaux avec respect
  2.  A faire du bien-être animal, le pilier de leur activité
  3.  A considérer le bien-être animal sous un angle scientifique
  4.  A acquérir et à partager avec les autres membres les connaissances et compétences en matière de soins et de bien-être animal
  5.  A se conformer aux codes de pratiques et réglementations nationales et internationales relatifs aux soins et au bien-être animal.

 

Mais concrètement chat veut dire quoi ?

Les parcs zoologiques mettent en œuvre des programmes d’enrichissement du milieu dans le but d’augmenter chez chaque animal l’émission de comportements considérés comme positifs pour lui (jeu, exploration, affiliation) et diminuer les comportements envisagés comme négatifs (agression, ennui). Un enrichissement doit avoir un but et son introduction se traduit chez l’animal par des changements comportementaux, physiologiques et/ou cognitifs permettant de mesurer et valider son efficacité. Pour ceux qui auraient encore un petit doute, la charte mondiale des zoos en faveur du bien-être animal est téléchargeable. (https://www.waza.org/wp-content/uploads/2019/03/Finale_FRANC%CC%A7AIS_WAZA_AnimalWelfare_Print-4.pdf).

Il existe d’autre animaux “enfermés” à longueur de journée : nos animaux de compagnie qui restent à la maison quand nous partons aller au travail. Pourtant nous aimerions tous ou presque emmener nos animaux avec nous. 84% des propriétaires de chiens français rêvent, selon une étude Wamiz, de passer leurs journées de travail avec leur compagnon. Chez nos voisins, la pratique est déjà plus répandue : notamment chez Zalando, le géant allemand de la vente de chaussures en ligne, où venir avec son animal est une pratique courante. Dans certains pays comme les Etats-Unis, l’Angleterre et les Pays-Bas, c’est même rentré dans les mœurs puisque dans ces pays, chaque 23 juin a lieu le «bring your dog to work day» (https://www.easydogs.fr/blog-chiens/des-chiens-au-travail-entreprises-pet-friendly-775.html) !

Le code du travail n’interdit pas d’amener son animal au travail, seul le règlement intérieur de l’entreprise ou le refus de ses dirigeants peuvent l’interdire. Plusieurs études montrent qu’en moyenne 8 personnes sur 10 ressentent moins de stress au travail quand Médor est au bureau. Il s’agit d’un bon compromis pour l’animal et sa santé qui voit ainsi disparaitre le stress de l’abandon chaque jour. D’ailleurs, cela réduit le stress des autres employés présents au travail, et estime également que les employés sont alors plus heureux d’aller au travail. De quoi faire plaisir aux employeurs car des employés heureux au travail sont des employés plus productifs, on estime une amélioration de 10%. (https://www.chefdentreprise.com/Thematique/rh-management-1026/Breves/Animaux-entreprise-vrai-facteur-cohesion-319586.htm )

L’entreprise Purina, filière de la marque Nestlé s’engage pour permettre une démocratisation des chiens au travail grâce à son programme Pets at Work (Https://www.purina.fr/nos-initiatives-purina/pets-at-work-animaux-au-travail). Purina accompagne les structures dans les démarches et félicite les initiatives en remettant le trophée Pets@work chaque année. Alors pensez au bien-être de nos animaux c’est aussi penser au notre, tout bénef non ?

Pour conclure, nous faisons face à un réel changement profond de notre façon de penser la relation entre les humains et les animaux. Précédemment vu comme des simples objets de test ou de consommation, nous savons aujourd’hui que ce sont des êtres avec une conscience tout comme nous. Cette évolution a découlé de découvertes scientifiques et de prises de conscience collectives. Maintenant le bien-être animal est au cœur des préoccupations des consommateurs. Pour suivre cette mentalité, les entreprises doivent évoluer et innover.

Pour aller plus loin :

 
• Documentaires Cowspiracy (2014) et Seaspiracy (2021) de Kip Anderson, disponibles sur Netflix
• Certifications des conditions animales dans la mode (https://www.commeuncamion.com/2020/04/23/les-certifications-de-condition-animale-dans-la-mode/)
• Relisez notre échange avec Aurélia Warin, éthologue, interviewée dans le cadre de l’émission Curious Live sur l’éthique animale. (lien vers la retranscription à venir)

 

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