Le 8 mars, journée qui a su marquer historiquement tous les esprits

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Depuis 1977, le 8 mars est partout à travers le monde, la journée de célébration de l’avancée des droits des femmes. Grâce à l’Organisation des Nations Unies qui a rendu cette date officielle, cela fait 45 ans qu’elle présente une opportunité pour mettre en avant plusieurs événements depuis les 4 coins du monde, avec un thème retenu chaque année par l’ONU.

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La France, elle, célèbre le 8 mars depuis l’année 1982, grâce à la ministre déléguée aux droits des femmes de l’époque, Yvette Roudy, qui a impulsé ce changement.

Cette même année, le président de la République François Mitterrand a donné à l’Elysée, une réception avec la présence de 450 femmes représentant tous les milieux socio-professionnels et les associations de lutte pour la cause des femmes, et a donné un discours pour annoncer des mesures en faveur des droits des femmes.

Quelle est son origine ?

Bien que l’on doive cette journée à l’Organisation des Nations Unies, elle tire ses origines des luttes féministes ouvrières et des nombreuses manifestations menées dès le début du XXème siècle en Amérique du Nord et en Europe pour le droit de vote, pour de meilleures conditions de travail et pour la fin des inégalités entre les hommes et les femmes.

Après la Seconde Guerre Mondiale, de nombreux pays célèbrent déjà cette journée du 8 mars, et c’est en 1977 qu’elle devient l’une des 87 journées internationales reconnues ou introduites par l’Organisation des Nations Unies.

Que célèbre-t-on vraiment le 8 mars ?

L’objectif est d’encourager les pays de la planète entière à célébrer les droits des femmes. Cette journée de manifestation est l’occasion de faire un point, un bilan de la situation des femmes dans la société, des avancées faites et de ce qu’il reste à accomplir. C’est le moment de renforcer la lutte des revendications pour plus d’égalité et de justice, de fêter les victoires, mais aussi de mettre la lumière sur des femmes engagées pour faire avancer la société, ou encore sur des initiatives qui mettent en avant les femmes dans la vie sociale, économique et politique.

Elles ont fait l’Histoire

De la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » d’Olympe de Gouges en 1791, aux prises de position de Simone Veil en passant par les écrits de Simone de Beauvoir, ou encore l’instigation de la Journée internationale des femmes par Clara Zetkin, les luttes contre les discriminations Femme/Homme ont énormément évolué, mais jamais cessé. Si les problématiques rencontrées varient d’un pays à un autre, le centre des préoccupations demeure malgré tout le même : atteindre l’égalité des genres.

Retour sur quelques figures emblématiques de l’Histoire qui, attendu leur force, leur passion et leur détermination, ont contribué à changer le monde.

Olympes de Gouges
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Olympe de Gouges (1748 - 1793)

Considérée comme étant l’une des premières militantes féministes au monde, Olympe de Gouges a su faire parler d’elle à une époque où les femmes ne bénéficiaient d’aucun droit politique, marquée sous le signe de la Révolution française du XVIIIème siècle.

C’est elle qui a marqué les débuts de la lutte pour le droit des femmes à divorcer, qui a finalement été votée en 1792. En outre, elle a été l’auteure en 1791 de la très connue Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, œuvre dans laquelle elle plaide pour l’égalité des genres en termes de droits fondamentaux. Bien qu’opposée à la peine de mort, Olympe de Gouges considérait que les femmes devaient jouir des mêmes droits et devoirs que les hommes et donc, par extension, du droit à être guillotinées au même titre que ces derniers. C’est donc de cette façon qu’elle a rendu l’âme en 1793, en héroïne pour son engagement politique.

Simone de Beauvoir (1908 – 1986)

Les écrits prolifiques de l’auteure française Simone de Beauvoir sur les questions de la Femme ont fait d’elle une figure saillante et bien étudiée de la théorie féministe.

La légitimité des femmes à mener une vie libre et indépendante était le fer de lance de Simone de Beauvoir, aussi bien sur le plan professionnel que personnel. Lors d’un entretien télévisé, elle soutenait : « Je n’ai voulu ni me marier, ni avoir d’enfant, je ne voulais pas mener une ‘vie intérieure’, ce qui est la chose la plus écrasante dans la condition féminine ».

Actrice du mouvement de libération des femmes dans les années 1970, elle incarne une des références philosophiques incontournables du XXème.

« On ne naît pas femme, on le devient » a-t-elle affirmé dans son manifeste intitulé Le deuxième sexe publié en 1949, considéré comme le point de départ de la seconde vague du féminisme.

Dans cette critique du patriarcat de 1071 pages, la féministe et philosophe française conteste les arguments sociaux, politiques et religieux qui servaient à justifier le statut de seconde zone des femmes à cette époque.

Simone de Beauvoir
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Simone Veil
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Simone Veil (1927 – 2017)

Rescapée de la seconde guerre mondiale, Simone Veil est largement respectée à travers le spectre politique français pour avoir œuvré sans relâche à la défense des droits des femmes. Elle a été nommée ministre de la Santé à la fin des années 1970 puis ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville dix ans plus tard. Dans le cadre de ces fonctions, elle a fait adopter, à l’unanimité, la pilule contraceptive à l’Assemblée nationale.

« Les femmes en politique, ça ne devrait pas donner lieu à des rires ou des plaisanteries » a déclaré celle qui a essuyé grand nombre de propos sexistes tout au long de sa carrière.

De toutes ses avancées, celle qui a inéluctablement marqué l’Histoire au fer rouge est l’adoption de la loi Veil en 1975 dépénalisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG), loi considérée comme la pierre angulaire de l’émancipation féminine en France.

Elle déclare alors : « Aucune femme ne recourt de gaité de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame ».

Simone Veil fait son entrée le 1er juillet 2018 en tant cinquième femme à être inhumée au Panthéon à Paris.

Où en sommes-nous de l’avancée vers l’égalité femme/homme ?

Afin de mieux comprendre l’avancée vers l’égalité entre les femmes et les hommes, il est important de faire un rappel de plusieurs dates qui ont marqué l’histoire des droits de la femme :

  • L’année 1906 marque le début du droit de vote pour les femmes en Finlande et en Europe. 
  • En 1924 Matilde Hidalgo est la première femme de l’Amérique Latine à voter aux élections présidentielles. 
  • Ce n’est qu’en 1979 que les Nations Unies instaure la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Celle-ci devint le plus grand traité international qui protège les droits humains des femmes. 
Elections de 1907 en Finlande
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Malgré les décrets et les événements qui ont amélioré la position des femmes dans le monde, la condition des droits humains des femmes continue à être mauvaise et inégale en France et dans le reste du monde. 

  • Selon des données du HCEfh et du CSEP, en 2015, (il y a seulement sept ans), 100% des femmes avaient déjà été harcelées dans les transports publics et 80% étaient confrontées au sexisme au travail. 
  • Actuellement, les femmes constituent 51,4% de la population française et donc 31,1 millions de personnes touchent 28,5% de moins en salaire que les hommes en temps de travail confondus. A temps de travail égal, elles touchent 16,8% de moins en salaire que les hommes. 
  • En France, les femmes consacrent environ 1h30 de plus que les hommes par jour, aux tâches domestiques. 
  • Le taux moyen d’activité pour une femme avec un enfant de moins de trois ans est de 81,6%  et chute à 41,1% pour celles ayant trois enfants dont le plus jeune a moins de trois ans. Pour les hommes ce taux chute simplement de 96,7% à 93,8% (ONU Femmes).
  • Une femme sur 10 est victime de violences au sein de son couple (ENVEFF, ONDRP, INSEE) et tous les deux jours une femme meurt des agressions de son compagnon ou ex-compagnon.
  • L’agresseur étant connu de la victime dans la plupart de cas, plus d’une femme sur dix déclare avoir subi un viol en France (Ifop).

Quelques chiffres…

Il semble également intéressant de se pencher sur quelques chiffres, plutôt représentatifs sur le sujet. En effet, en 2018, seulement 9,8 % des pays du monde sont dirigés par des femmes (ONU Femmes). De plus, dans le monde, une femme sur 3 subit des violences physiques et/ou sexuelles d’un partenaire à un moment de sa vie d’après les statistiques de l’OMS. Il est également pertinent de souligner que Les femmes gagnent 23% de moins que les hommes dans le monde, non seulement, mais aussi, près de 60 % des femmes dans le monde travaillent dans l’économie informelle, gagnent moins, épargnent moins et sont plus exposées à la pauvreté. Ensuite, elles n’occupent que 24% des sièges parlementaires au niveau mondial et seulement 4% des PDG figurant au palmarès Fortune 500 dans le monde sont des femmes. Cependant, il est difficile de pouvoir faire évoluer ces chiffres dans le bon sens lorsque l’on voit par exemple que seuls 63 pays se conforment aux normes en matière de congé de maternité définies par l’Organisation internationale du Travail (les femmes devraient avoir 14 semaines de congé de maternité payé), et seules 28% des femmes employées dans le monde bénéficient d’un congé maternité rémunéré. Enfin, Le problème des femmes dans la société ne s’arrête pas au côté financier ou à aux difficultés professionnelles qu’elles peuvent rencontrer, par rapport à leurs homologues masculins. En effet, les violences faites aux femmes sont encore bien présentes dans notre monde. Une femme sur trois a subi des violences physiques ou sexuelles, et pas moins de 200 millions de jeunes filles ont subi des mutilations génitales. Ces chiffres, aussi alarmants soient-ils, nous montrent la nécessité de faire bouger les choses, de réagir enfin.

Mais, que dit le gouvernement français sur le sujet ?

Infographie : Egalité femmes hommes
Crédit photo : gouv.fr
Egalité femmes hommes
Crédit photo : Gouv.fr

Le thème choisi par l’ONU lors de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars 2022

Le thème désigné par l’Organisation des Nations Unies pour cette journée du 8 mars 2022 est « L’égalité des sexes aujourd’hui pour un avenir durable » (Gender equality today for a sustainable tomorrow en anglais). Ce thème a vocation à rappeler l’état d’urgence climatique et invite les femmes à agir, en devenant actrices dans la lutte contre les changements climatiques. L’ONU indique que ces changements accentuent les inégalités entre les hommes et les femmes : de nombreuses femmes dépendent de ressources naturelles menacées par le réchauffement climatique. De plus, l’ONU insiste sur le rôle des femmes dans « l’orientation et la stimulation des changements en matière d’adaptation, d’atténuation et de solutions aux contraintes d’ordre climatique. » et évoque le poids que représente la moitié de la population terrestre dans les enjeux de lutte pour un avenir à la fois durable et équitable. Le thème de cette Journée internationale des droits des femmes interconnecte l’égalité des sexes et l’écologie.

Lors du Forum Génération Égalité 2021, une coalition d’action pour « l’action féministe en faveur de la justice climatique » (feminist action for climate justice en anglais) a été lancée. Le but des coalitions d’action est de réunir les acteurs du public et du privé (gouvernements, entreprises, associations, société civile…) et d’insuffler des changements à travers des engagements concrets. La coalition d’action a stimulé l’investissement dans les solutions climatiques équitables pour les sexes, avec pour but le renforcement du « leadership des femmes dans l’économie verte et la résilience des femmes et des filles face aux impacts et aux catastrophes climatiques » et l’augmentation de « l’utilisation des données sur l’égalité des sexes et le climat. ».

Dans sa déclaration « Célébrer les multiplicatrices de solutions » du 3 mars 2022, Sima Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes, explique l’intérêt du thème choisi cette année dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes. Tout d’abord, elle mentionne l’impact des guerres sur les femmes et les filles, en citant notamment la situation ukrainienne et plaide pour la fin de la guerre. Elle a aussi rappelé que le contexte de pandémie mondiale a un impact sur « l’augmentation des inégalités, la lutte contre la pauvreté et la violence à l’égard des femmes et des filles ». La régression en matière d’emploi, de santé et d’éducation est pointée du doigt dans cette déclaration. De plus, Sima Bahous indique que « les crises des changements climatiques et la dégradation de l’environnement qui s’accélère compromettent de manière disproportionnée les droits et le bien-être des femmes et des filles », d’où le thème choisi par l’ONU cette année. Les femmes ont un rôle important à jouer dans l’activisme climatique, et une ligne directrice doit être suivie, qui « nécessite la participation et le leadership pleins et égaux des femmes dans les prises de décision, leur accès aux emplois verts et à l’économie bleue, et leur accès égal au financement et aux ressources ».

Le Doodle de Google

le doodle de google
Crédit photo : 20 minutes

De son côté, Google a lancé un doodle pour la Journée internationale des droits des femmes. Il s’agit d’une sorte d’animation qui vient modifier son logo officiel. Ce 8 mars 2022, cette animation prend la forme d’un diaporama avec des femmes du monde entier exerçant diverses activités : médecin, photographe, garagiste, femme au foyer… La créatrice de ce doodle est Thoka Maer, directrice artistique. Elle déclare : « Je veux que toutes les femmes puissent réellement choisir la vie qu’elles veulent mener…. Et recevoir tout le respect qu’elles méritent. » (I want all women to be able to truly choose the lives they want to live… and receive all the respect they deserve.).

« Il a fallu cent ans pour effacer les discriminations les plus criantes entre les hommes et les femmes, mais qu’attend-on pour abroger celles qui restent ? »
Benoîte Groutt
Ainsi soit-elle, 1975.