Thomas Olivri : Tendance Geek-Art

Le Geek Art, on en a parlé une ou deux fois sur le blog. Et si ça ne vous dit rien, on vous conseille de faire un tour sur Geek-Art.net dès maintenant ! Pour faire court, le geek art, c’est de l’art geek.

En gros, ce sont des graphistes ou artistes plus traditionnels qui s’inspirent d’oeuvres geek (ou d’oeuvres de pop culture, comme vous voulez) pour ensuite créer les leurs. Ça s’apparente un peu au fan-art, mais l’artiste met en valeur son style et ses influences.

Thomas Olivri, concepteur-rédacteur chez McCann, a lancé le site Geek-Art.net en 2009. Il y présente des artistes talentueux après moults recherches et une veille assidue. Il a aussi écrit un livre intitulé “Geek Art, une Anthologie”. Parce que la culture geek, elle est partout, tout le temps.

Ce qu’on vous propose aujourd’hui change un peu des articles qu’on publie d’habitude. C’est une interview. La deuxième de Thomas Olivri, à vrai dire. La première a été faite en 2012 par moi-même et vous pouvez la lire sur Else-et-Esse.fr. Et on vous conseille de le faire avant de lire ce qui suit puisque celle-ci fait directement écho à la première interview (et oui, il faut suivre !).

 

Depuis l’expo 8-Bits Champions, il s’est passé beaucoup de choses pour Geek-Art. Tu nous en dis plus ?

Beaucoup de choses en effet ! Le site a bien grandi, changé de look, et Geek-Art est désormais une communauté active sur Facebook (avec bientôt 30,000 fans, je suis très fier de ça !), mais aussi sur Tumblr, sur Instagram et sur Twitter.

J’ai également monté pas mal d’expositions, notamment au Dernier Bar Avant la Fin du Monde à Paris, sur les thèmes de Dead Space (le jeu vidéo, en partenariat avec Electronic Arts), puis de Game of Thrones et de Star Trek. Il y a eu aussi le Salon Made in Asia à Bruxelles, deux années de suite, avec une expo jeu vidéo, et une autre sur le manga. Enfin, l’été dernier, à la Comic Con de Paris, une expo à la gloire des super héros Marvel. A chaque fois il s’agit de collaboration avec des artistes, je les contacte, leur propose un thème, et à eux de donner libre court à leur imagination et à leur style graphique.

Il y a également le livre Geek-Art une Anthologie, sorti aux éditions Huginn & Muninn. Tirage épuisé, mais nous avons sorti une réédition en octobre 2013 avec une couverture alternative. Si tout va bien, une adaptation anglaise devrait pointer le bout de son nez en 2014 et je suis en train de plancher sur le volume 2…

On peut dire que je n’ai pas chômé ! Tout s’est passé assez naturellement, au fil des rencontres, et la communauté Geek-Art grandit de jour en jour !

 

Penses-tu qu’Internet a joué un rôle prépondérant dans la sur-présence de la culture geek dans notre quotidien ?

C’est évident. Et c’est assez drôle que tu me parles de sur-présence… Je trouve qu’il y peut-être en effet une surexposition des univers geeks. D’un côté c’est formidable, mais de l’autre il y a souvent beaucoup de bruit pour pas grand-chose… D’une manière générale, je pense que tout ça manque un peu de fond. Il ne faut pas oublier que derrière ces super héros et ces films, il y a des auteurs, des univers, des messages, des réflexions… C’est ce qu’il y a de plus passionnant dans la culture geek à mon sens. Derrière ces robots et ces zombies il y a tout de même, bien souvent, une vraie réflexion constructive et intelligente sur notre société, sur l’humanité. Qu’on a trop tendance à mettre de côté.

Heureusement, de plus en plus de sites et de voix se lèvent pour donner de la légitimité et défendre cet aspect de la culture geek. La bande annonce de Godzilla, par exemple, est énorme, mais ce monstre n’est pas seulement là pour écraser New York. Son origine, son histoire, fait partie intégrante de la culture et de l’histoire du Japon… Le cinéma geek pop corn, oui, mais pas que !

  

On se rend compte que le Geek-Art est plus présent à l’étranger qu’en France. C’est une réalité ou sommes-nous encore un peu frileux ?

C’est une réalité ! La France n’a pas vraiment cette culture pop dans le sang. Il y a bien entendu toute la communauté des geeks et des fans, bien entendu, mais la culture pop au sens “populaire” du terme n’a jamais été vue d’un très bon œil en France de manière générale. Heureusement, ça commence à changer. Mais il y a encore du boulot, il suffit de d’observer le regard encore condescendant des médias sur nos passions. Quand TF1 tourne un reportage sur les geeks, c’est d’une tristesse affligeante. Alors que les statistiques montrent que la moyenne d’âge des joueurs de jeux vidéos tourne autour des 40 ans, ce loisir est encore considéré comme un passe temps d’ado…

Je pense aussi au cinéma. On ne peut pas dire que les prises de risques françaises sont nombreuses en ce domaine, en série également. En Angleterre, des série dites “geek” ou clairement estampillées pop culture comme Dead Set, Sherlock ou Misfits cartonnent. Où sont les équivalents en France ?

Mais je ne me fais pas de souci, les temps changent, les esprits évoluent, et à force d’efforts on finira par y arriver ! En tout cas j’essaye d’œuvrer dans ce sens. J’ai 32 ans, je suis père de famille, et je ne considère pas ma passion pour la pop culture comme déviante ou régressive, bien au contraire ! Geek-Art, c’est la preuve qu’on peut apporter une touche arty à des univers pop culture, et que des graphistes ou des designers de plus de 30 ans peuvent passer des heures à travailler sur des sujets comme Alien ou Game of Thrones !

 

Penses-tu que le geek-art sera bientôt utilisé en communication/publicité ? (Pour communiquer des valeurs, cibler un public en particulier etc…)

Je pense que c’est déjà plus ou moins le cas. Il suffit de voir les super héros fleurir un peu partout dans la pub, ou la manière dont les marques communiquent autour de nous. La publicité, par essence, utilise ce qui est dans l’air du temps pour arriver à ses fins. En ce moment ce sont les super héros, demain ce seront peut-être les dauphins !

 

Le geek-art est-il engageant ?

Oui et non. Les œuvres sur lesquelles le Geek-Art s’appuie le sont déjà pour la plupart. Il suffit de voir la film de mecs comme Romero, Verhoeven, Carpenter, certains jeux vidéo, la littérature, les séries… Comme je le soulignais plus haut, la culture geek est, par essence, une culture engageante et engagée, une réponse à un problème sociétal ou culturel (je parlais plus haut de Godzilla, mais je peux aussi parler des zombies de Romero, de la vision du futur de Cameron, de l’origine des X-Men dans les 60s…).

Du coup, le Geek-Art, au-delà du côté cool, permet aussi à des artistes de relancer ces engagements. Il s’agit aussi parfois d’odes à la nostalgie, au cinéma comme on l’aimait… Le Geek-Art est un terrain de jeu infini. On en fait ce que l’on en veut !

 

C’est quoi la suite de tes projets ? 

Comme je le disais plus haut, je suis surtout sur le Geek-Art Volume 2 en ce moment qui, si tout va bien, devrait sortir fin 2014. J’ai un autre projet de livre également, en collaboration avec un artiste Geek-Art, et un autre projet assez massif qui risque de faire beaucoup de bruit, mais je croise les doigts…

 

Tu penses que les geeks vont conquérir le monde ?

Je pense surtout que c’est déjà le cas !

 

Vous l’aurez compris, il est difficile d’échapper au Geek-Art sur les internets ! C’est une vraie tendance qui fait de plus en plus parler d’elle. Les geeks sont en pleine conquête du monde. Même Thomas Olivri le dit !

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